Deux mois se sont écoulés depuis ce détour vers un paradis... Un paradis qui mérite attention, apprentissage de ses terres, de sa culture propre, une attention à sa nature puissante et encore préservée, et un paradis qui mérite d'être respecté tout en le racontant.
Ce carnet de voyage #3, je l'ai volontairement plus détaillé que les 2 premiers, au Portugal et en Belgique. Suite à la réalisation d'un petit film de 6 minutes racontant en images ce road trip, j'ai écrit ce carnet de voyage suivant une itinérance particulière et un état d'esprit avec les maîtres mots : discrétion, évasion, secrets. C'est d'ailleurs cette philosophie que j'aime appliquer en voyage. Partir à l'aventure, se faire un circuit personnalisé, prendre un trajet original pour le rendre unique...
Je tiens tout d'abord à remercier ma compagne Vanesa pour ses photos,
que j'ai utilisé à 75% pour illustrer ce carnet !!
Sans elle, je n'aurai pas retranscrit ce témoignage aussi intensément...
J'espère vous aurez le courage de lire jusqu'au bout ce témoignage. Pour ma part, je ne compte pas les heures. Ce carnet de voyage j'y pensais depuis un moment. J'ai voulu tout d'abord me pencher sur du montage vidéo et me concentrer sur le reportage d'un couple... Je ne vis pas de cette passion à plein temps mais je me suis bloqué 9 soirées d'écriture pour essayer de vous retranscrire ce voyage comme si vous y étiez !!

N.B. : pour retrouver tout mes carnets de voyage, saisissez "carnet" dans la recherche.
C'est donc mi-août, ma douce et moi :) , après avoir fait un checkpoint à Valencia en Espagne, que nous partons pour les Canaries à Tenerife et La Palma sur 8 jours, 7 nuits, en itinérance par routes et océan.
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JOUR 1 : journée très courte mais déjà intense puisque nous décollons au crépuscule à 21h de Valencia, pour descendre de manière secouée à 23h40 à Tenerife Sur, Aeropuerto Reina Sofia. Il est clair qu'il faut mériter descendre d'au moins 8 km d'altitude vers ces petits morceaux de terres volcaniques, tels des étoiles illuminant le ciel avec les éclairages de ville, ici et là regroupés ou perdus dans les montagnes.

Une fois à terre, nous récupérons la voiture réservée chez CICAR. Je cite en effet ce groupe de location, car c'est le seul que nous avons trouvé autorisant à prendre le bateau d’Île en île, sans changer de véhicule.
Nous 2, seulement nos 2 sacs et la petite cabriolet, allons direction "Los Amigos Hostel Tenerife" au village de La Mareta, une résidence familiale style Hippie à 15 min de l’aéroport en bord de mer. Il existe d'autres "Los amigos" sur les îles, ce sont des entreprises familiales avec une éthique de vie plutôt écologique. Ils étaient arrangeant car un des seuls à nous accepter passé 00h30.
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JOUR 2 : après une nuit assez courte mais au calme, nous sommes prêt pour nous diriger vers la cuisine de la maison, où les filles finissent de préparer le café, le thé, puis réalimenter les différentes assiettes de gâteaux, fromages et jambons espagnols bien sûr.
Ma chère est souvent l'interlocutrice avec les hôteliers pendant que j'écoute beaucoup. On se regarde, elles ou ils devinent que je ne parle pas tellement l'espagnol, mais l'esprit d'entraide est là. De manière globale, m'être entraîné à discuter là bas était la meilleure école que j'ai eu depuis le lycée, où mon niveau d'espagnol était très passable voir mauvais :D
Pendant ce temps, el gato de la casa comme je dis, ou le chat de la maison, circule entre nos jambes, demande un câlin à chacune et chacun des membres de la propriété, arrivant dans le calme au salon ouvert sur jardin, un fond sonore de musiques locales... D'un coup je me sens comme le personnage du film "Into the Wild", à m'introduire dans la maison d'une bande d'amis soudés et dont l'atmosphère apporte confiance.
J'insiste particulièrement sur ce moment, du réveil au départ sur la route car il était comme le premier refrain d'une mélodie qui s'annonçait appétissante d'aventure !!
Maintenant, place au départ et aux premiers paysages...
Nous partons au nord de l'île au prochain hôtel / auberge pour y faire une dépose bagages, en ayant pris soin d'appeler l’hôtelier pour lui proposer le deal. A savoir qu'à chaque fois, ils étaient très compréhensifs !
Le principe sera le même chaque jour de notre semaine, étant donné les vols récurrents annoncés par la commerciale de location de voiture, surtout sur véhicule cabriolet où la toile peut se déchirer. Donc prudence, vous êtes prévenus !!
Au fait, concernant le lieu de dépose des bagages, je n'en parle pas tout de suite car ce serait découdre le parcours de découverte que je vous raconte ici.
Nous arrivons à la ville principale de Tenerife, Santa Cruz de Tenerife, et décidons de commencer par le marché principal de la ville, El Mercado Municipal Nuestra Señora de África La Recova. Nous en profitons pour goûter aux empanadas : des petits chaussons fourrés aux champignons, légumes, thon ou poulet. D'ailleurs ça sera notre stratégie tout au long de notre semaine : manger copieux, protéinés, et un maximum varié le matin s'il y a possibilité, sinon en boulangerie ; manger un encas le midi sur le chemin de nos balades ; puis le soir, dîner en terrasse voire quelques fois en intérieur, car l'Alizé de l'océan rafraîchit les terres. On a atteint moins de 18°C si si !! Et nous sommes à hauteur du sud marocain en plein mois d'Août ;)
La végétation de la ville est riche, variée en espèces européennes, africaines, américaines, et elles est respectée. Il était aussi intéressant de constater l'authenticité des architectures entre chaque ruelle de la vieille ville.
Détour sur différentes places dont la Plaza de España, plus au sud l'auditorium titanesque Auditorio Adan Martin, de l'architecte populaire espagnol Santiago Calatrava Valls.
Au passage, cet auditorium est une sorte de prototype n°2, après un des bâtiments réalisés pour la cité des arts et des sciences de Valencia en Espagne. En effet, cette sorte de langue en béton tient par la seule force de sa base en jouant sur le centre de gravité. Procédé qui fut moins bien réussi à Valencia pour le n°1 car des travaux ont été repris pour maintenir sa "langue"...
Ensuite, visite au Museo de la Naturaleza y el Hombre, musée instructif sur l'histoire des îles Canaries et le développement des habitats, suivant les populations et les époques.
En allant assez vite sur la fin, nous voulions partir pour San Cristóbal de La Laguna. C'est environ 1/2 heure plus tard que nous nous y trouvons, et voilà le constat : le village, classé au patrimoine mondial de l'Humanité, possède certes tout un lot de maisons coloniales charmantes en soit, mais toute assez ressemblante. Nous n'avons fait que passer et lire quelques pancartes... La cathédrale, que nous avons visité, n'a pas marqué mon esprit tellement son architecture était moderne (en béton, toit et coupole refaits il y a environ 10 ans en fibres de polypropylène).
Suite à une petite balade autour du cœur du village, nous dînons au restaurant à Tapas, Tasca Dr Oliviera, vraiment très bon et bon marché comme tous aux Canaries. Ce fut mon baptême pour enfin faire l'effort de goûter à un fruit de mer : le poulpe !! Il a fallu 32 ans, 3200 km et un peu d'amour pour y arriver :)
Comme nous en redemandions après dîner, nous repartons à la chasse aux miradors pour apprécier Santa Cruz de nuit. Cette fois ci nous prenons la route à l'intérieur de l'île, direction Nord-Est, l'auberge Albergue Montes de Anaga, au village El Bailadero. Les sensations fortes nous attendaient car la route devenait de plus en plus sinueuse, et les pleins phares avaient du mal à cerner le relief montagneux.
Nous pénétrons dans ces terres déclarées Réserve de biosphère, el Parque Rural de Anaga. La végétation change constamment en montant en altitude. Les vallées, de plus en plus saillantes, tapissées d'arbres humides et baignant dans une mer de nuages, nous rappellent que nous sommes non seulement sur un massif montagneux mais sur la cordillère volcanique de l'île !!
Enfin nous arrivons à l'auberge, mystérieuse, noyée dans le brouillard humide... On dirait qu'il nous arrive des scènes de films ou de jeux d'aventure comme Tomb Raider mais c'est exactement cette sensation :)
Notre hôtelière nous accompagne jusqu'à la chambre : lits superposés, 2 prises électriques mais on fait avec, entre nos portables et les batteries LIPO de ma caméra Osmo. Le cadre naturel et son ambiance hors du temps surpasse tout de même ces détails techniques...
N.B. : je ne vous l'apprends pas mais, afin de maintenir ses batteries en autonomie, il est utile d'avoir un chargeur sur prise allume cigare ou un chargeur solaire lors de vos randos. Aussi, à chaque fois que vous n'en avez pas besoin, désactivez la localisation, wifi et données cellulaires et vous tiendrez le coup sur 2 jours !! En tout cas c'est ce que je pratique tous les jours de manière générale.
Si vous utilisez votre téléphone comme écran de retour vidéo, en particulier je pense aux vidéastes utilisant des caméras d'action ou drones (j'en fais donc partie), il est d'autant plus utile de prendre ces précautions.
Globalement sur Tenerife et La Palma pour expérience, nous avons souvent eu de la 4G sauf en montant en altitude et là ça va vite... On tombe en Edge ou rien du tout... Mais inutile de vous rappeler quand on prépare un road trip, après tout... le réseau on peut s'en passer ;)
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JOUR 3 : réveil à 6h30, toujours pour ne pas manquer le début du petit déjeuner complet, le silence est impressionnant et on en tombe amoureux... A entendre notre pulsation cardiaque et en fond sonore le vent qui chante en caressant la cordillère... Nous descendons dans la salle à manger avec terrasse suspendue et avons comme apéritif une vue incroyable de verdures sur toute la vallée.
C'est en redescendant par la route vers le Nord-Ouest que nous négocions chaque virage à épingle, plutôt vertigineux et encore on a pas tout vu !!
Nous continuons notre pérégrination au village de Taganana : un petit village tout en cascade de maisons à 1 étage tout ou plus, ou petits immeubles d'appartement, tous orientés vers l'océan...
Quelques poules marchant dans la rue, quelques grands parents faisant leur marche du..... Samedi, nous découvrons ce lieu authentique, tourné vers l'océan, tourné vers la Nature et contre toute forme de tourisme !! Le cœur du village est entouré de banderoles, nous amenant jusqu'à la place de l'église, comme si la fête était prête à se lancer. On imagine là les danses folkloriques, les lumières tamisées, des rires faisant écho dans la montagne...
En reprenant notre chemin, nous passons par le village "Los cuatro gatos que discuten" ou "Les 4 chats qui se disputent". Et là, il s'avère que nous tombons nez à nez avec eux à l'entrée de ce restaurant, le long de la route. Haha je plaisante !! C'est un village que j'ai inventé !!
Enfin, Dame océan et ses plages du nord. Nous avons choisi Benijo, avec tellement d'espace vital c'est vraiment agréable. Nous prenons un verre avant de se jeter à l'eau. Nous demandons la faveur de surveiller nos affaires par un couple de voisins espagnols, compréhensifs, et marchons jusqu'à se jeter presque entier dans l'eau limpide... Mais c'est plutôt l'océan qui vient nous mouiller sans trop calculer le temps d'adaptation bien sûr :D
A ce moment, nous nous retrouvons comme des grands enfants à éviter chaque vague puissante !! Cette plage est un autre cadeau de la Nature : assez large, composée naturellement de sable noir volcanique, et aux extrémités composées de cheminées volcaniques apparentes faisant un cadre rassurant, ou pas...
Il est facilement 13h et nous allons acheter un petit menu de sandwichs tortilla à emporter. Car nous décidons d'aller manger sur la cordillère du parc d'Anaga, sur un petit sommet à même les rochers. Nous profitons avec humilité de la plus grande et la plus belle terrasse que l'on peut avoir et surtout sans réservation, non fumeur, sans alcool, sans pollution, avec un fond sonore de vent des alizés...
Je parle énormément d'Anaga ce 3ème jour. En effet, cette région a été notre région coup de cœur pour Tenerife car nous sommes tombés littéralement amoureux de son esprit et son authenticité.
Nous disons à plus tard Anaga et allons vers la prochaine étape que nous nous sommes fixés : Puerto de la Cruz, apprécié par beaucoup de britanniques au 19ème siècle, charmante petite ville face Nord de l'île. Nous nous arrêtons sur le parking Ouest de la ville, du coté du phare où il y a beaucoup de places. Nous déposons les bagages cette fois-ci dans un hôtel à l'ancienne, l'Hotel Monopol.
Avant d'en parler plus, il est encore temps pour la journée d'observer les ruelles du centre ville protégé, le port, les ermites dressées en l'honneur de la protection des marins, les quartiers de maisons anciennes, bien encrés par l'esprit colonial.
Tout comme je le montre dans mon petit film, les portes sont très personnalisées, toutes soigneusement détaillées. On peut remarquer aussi des murs entiers de petits immeubles peints par des artistes de renom, et donnant une touche de modernité qui passe bien avec les quartiers... C'est le "Puerto Street Art".
Je vous parle maintenant de l'Hotel Monopol, qui fut notre unique nuitée avec une touche de "luxe", car le budget du séjour se voulait sobre.
Maintenu par la même famille depuis 75 ans, tout est dans son jus ancien dans cet hôtel 3* : l'accueil, la cabine en pierre peinte avec son téléphone à cadrant, 4 étages tapissés de lianes tropicales et de palmiers grimpant jusqu'à la verrière. Le patio, typiquement cannarien, est prolongé par un couloir menant au restaurant à l'entresol, puis au 1er étage à un bar puis piscine sur terrasse.
Il est environ 22h quand nous décidons de descendre faire un petit bain de nuit (l’accès étant autorisé 24h/24). La piscine est rien qu'à nous !! L'eau, initialement sans aucun mouvement, crée ses premières vaguelettes lorsque je plonge mon premier orteil, ce moment discret fut unique.
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JOUR 4 : petit déjeuner dressé pour tenir 1 journée 1/2 facilement haha... Nous repartons d'attaque pour le prochain checkpoint : le plateau du Tiede et le sommet du Tiede !!
Le GPS commence à nous faire prendre quelques longs virages en montant doucement, puis nous tournons de façon assez franche dans une ruelle... Avec confiance, nous suivons les instructions mais en fait il arrive devant nous une pente raide comme jamais !! Il s'avère que c'est un sacré raccourci car nous évitons plusieurs épingles !! Certes en roulant prudemment en 1er roulante, mais on est gagnant !
Nous sortons des nuages brumeux et voyons comme par étage la flore évoluer, en partant d'arbres touffus et petits arbustes, pins secs entre les rochers, puis le plateau de terre volcanique vierge... Orange, marron, et la couleur orange-vert des graviers érodés, dont le fer s'est oxydé.
Parque Nacional del Teide, 2300 mètres d'altitude. Centro de Visitantes de El PortilloNous arrivons au. Rapidement, nous faisons le tour et allons voir le petit film expliquant la formation des îles canariennes. A l’accueil, nous posons nos questions pour les randonnées praticables. Comme nous voulions aller au Teide, on nous annonce qu'ils ont des difficultés à mettre en service le téléphérique, mais nous allons comme même voir car c'est sur notre route.
Au pied du téléphérique : beaucoup de personnes bloquées dans la salle d'attente... Problème technique général des cabines, tadaaa !! Sachant que nous n'avions pas réservé nos places, nous demandons quelques infos en prenant un café, mais attendre est un sacrifice pour notre route...
N.B. : si vous souhaitez atteindre le sommet, 160 mètres plus haut que le sommet du téléphérique, il est possible d'y arriver moyennant autorisation, car le volcan est seulement endormi !! Pour notre part, nous voulions simplement atteindre le "presque sommet", donnant déjà une superbe vue sur tout le plateau.
Alors nous décidons de continuer notre chemin et profiter de la vue depuis le plateau. Nous faisons un stop aux Roques de García et le Mirador Llano de Ucanca. Ces points de vue encadrent le Tiede, plus haut sommet d'Espagne : 3718 mètres.
La Ermit